Lundi 5 Mai 2025
Le carbone total émis par différentes sources terrestres (émissions d’origines humaines ou géologiques) se répartit dans l’atmosphère sous forme de dioxyde de carbone CO2 qui contribue majoritairement à l’effet de serre. Dans les mers il est constitutif de la biomasse vivante ou morte mais il est aussi dissout dans l’eau sous forme d’acide carbonique H2CO3 qui est une forme importante de stockage du CO2 ; enfin à la surface de la terre il est stocké sous différentes formes : biomasse vivante ou morte et carbone organique sédimentaire. Connaissant la quantité totale de C émis, celle qui va dans l’atmosphère, celle qui va dans les océans, on obtient par soustraction la quantité de C retenue à la surface de la terre.
Des chercheurs* se sont intéressés à ce carbone terrestre et à l’importance de sa répartition sous ses différentes formes. Nous résumons ici les principales observations de leur étude.
Le stockage terrestre du carbone représente 30% des émissions de CO2 issues de l’activité humaine. Il est en augmentation. On attribuait jusqu’ici essentiellement cette augmentation à une activation de la photosynthèse du fait d’une atmosphère plus riche en CO2 (effet de fertilisation) et donc à un stockage majoritaire dans la biomasse végétale (notamment dans les forêts). Si l’augmentation de la photosynthèse est bien la source des stocks croissants de carbone terrestre, pour les auteurs de l’étude, il n’est pas évident que le gain additionnel du stockage terrestre se fasse essentiellement dans la masse végétale vivante ; quelle peut-être la part retenue par la masse végétale morte ? Pour cela, utilisant une synthèse de bases de données sur le sujet, ils ont pu comparer les changements globaux des stocks de carbone terrestres représentés par la biomasse vivante (forêts notamment) et morte.
Leur synthèse s’étend de 1992 à 2019 ; au cours de cette période le stockage terrestre s'est accru de 35 +ou- 14 gigatonnes de C alors que la biomasse vivante n’a seulement changé que de 1 +ou- 7 gigatonnes. Ceci est en désaccord avec les modèles habituels qui affectent majoritairement le stockage à la matière vivante. Le stockage serait en réalité majoritaire sous forme de matière biologique morte ; celle-ci inclurait le carbone organique du sol, les litières des sous-bois, le bois mort mais, pour les auteurs de l’étude, le mécanisme principal de l’accumulation du carbone est lié à l’enfouissement du carbone organique dans des environnements anaérobies comme dans le fond des lacs naturels ou artificiels, dans les tourbières ou les zones marécageuses. En outre, les activités humaines comme le bûcheronnage, la construction de barrages, pourraient jouer un rôle important dans les enfouissements observés. Ce stockage sous forme de matière biologique morte serait moins vulnérable aux incendies et à la sècheresse, évènements dont la fréquence s’accroit avec le réchauffement climatique.
*Y.M.
Bar-On et al. Science, 21 mars 2025,
N°6740, pp.1291-1295.